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XIIIème siècle

Depuis huit siècles, la tour défensive de Disonche fait face au Mont-Blanc. Elle fut probablement construite au XIIIème siècle pour assurer la défense de la ville de Sallanches. Une meurtrière installée sur sa façade ouest témoigne aujourd'hui encore de la vocation défensive de la tour au Moyen Âge. Pour avoir survécu aux nombreux incendies de la ville, la tour de Disonche est aujourd'hui la plus ancienne demeure de Sallanches.

Les restes d'une porte ogivale en tuf ont été repérés sous la meurtrière à environ 6 m du sol. Condamnable de l'intérieur à l'aide d'un lourd fermoir en bois, cette ancienne porte devait être alors l'un des principaux accès à l'édifice, sinon le seul.

La tour de Disonche change de destination. Les travaux de restauration entrepris en 2010 ont permis de mettre à jour quelques éléments d'architecture spécifiques, tels que les restes du percement de fenêtres ogivales et/ou à meneaux sur sa façade est, qui faisait à l'époque face à l'entrée de l'église de Sallanches. La complexité de quelques uns de ces éléments, rappelant celle de certaines églises gothiques, laisse penser qu'une fonction religieuse et/ou officielle fut associée à la tour.

XIV-XVème siècle

Un incendie, sans doute le même que celui qui dévasta tout Sallanches en 1519, détruisit la totalité des planchers, l'escalier en bois desservant les étages et une bonne partie de la charpente. Quelques traces de ce sinistre subsistent encore au grenier. Cette catastrophe conduisit à un nouveau remaniement intérieur de la tour. La charpente et l'escalier à vis en pierres desservant deux caves voûtées et les étages un et deux, intacts aujourd'hui, datent de cette époque.

XVIème siècle

La légende de la gravure aquarellée du theatrum sabaudiæ, datée de 1674, précise que la tour de Disonche (placée par le peintre au premier plan à gauche de l'église) est alors la résidence du Juge-Mage du Faucigny. C'est un spécialiste de la justice. Ses circonscriptions sont les judicatures. Dans les régions de droit écrit (le Pays de Vaud et la Vallée d’Aoste sont, elles, terres de droit coutumier), le juge résout les conflits locaux et distribue les amendes judiciaires.

La pièce servant à l'époque de cellule existe toujours : c'est aujourd'hui une excellente cave à vin.

Cet élément d'histoire confirme la destination officielle de la tour de Disonche.

XVIIème siècle

XVIIIème siècle

La mappe sarde, établie vers 1730, est un fabuleux outil de travail très novateur qui a porté la Savoie du 18ème siècle à la pointe de la modernité. Par le traité d’Utrecht du 11 avril 1713, le Duc de Savoie Victor Amédée II récupère la Savoie, Nice et le Piémont qui deviendront « les Etats Sardes » en 1718 après échange de la Sardaigne. Il fallut alors faire entrer des recettes par les impôts et en particulier par l’impôt foncier : la taille. L’édit du 9 avril 1728 ordonna la mensuration générale de la Savoie. Commencée en 1730 et achevée en 1738, la mappe sarde servit jusqu’en 1860 pour le calcul des impôts et reste un précieux outil de mémoire et d’études. Elle est le reflet

de l’économie de la Savoie au 18ème siècle et une énorme source d’informations juridiques, sociales et généalogiques (noms du lieu et noms de famille). La base d’arpentage est le mas : cet ensemble de parcelles d’un seul tenant est l’ancêtre de nos hameaux d’aujourd’hui. Dans le cas de Disonche, il s’agit du Mas de Lévaud en pente douce. Le livre des numéros suivis (ou livre de géométrie) énumère, dans l’ordre d’arpentage et mas après mas, les différentes parcelles avec les mentions : numéro de la parcelle, nom du propriétaire, nature (maison, jardin, pâturage, verger...), paiement ou non de l’impôt (un noble est exempt de la taille), présence du propriétaire (ou "abs" pour absent) au moment du relevé. C'est ainsi que l'on apprend que Monsieur Pierre de Bellegarde, de la noble famille de Bellegarde, est propriétaire des parcelles 922 à 925 dans les années 1730, dont la tour de Disonche.

« C’est qu’en effet il est difficile de ne point éprouver quelque profonde émotion lorsque, par une belle matinée d’août, en descendant la pente sur laquelle Sallanches est assise, on voit se dérouler devant soi cet immense amphithéâtre de montagnes toutes diverses de couleur, de forme, de hauteur et d’attitude, masses énormes, tour à tour éclatantes et sombres, vertes et blanches, distinctes et confuses, dont un large rayon du soleil, encore oblique, inonde chaque intervalle, et au-dessus desquelles, comme la pierre du serment dans un cercle druidique, le mont Blanc s’élève royalement avec sa tiare de glace et son manteau de neige. »

XIXème siècle

Victor Hugo, août 1825.

Ce n'est pas la vue à vous couper le souffle depuis Disonche qui contredira le célèbre auteur dont les mots ont été repris pour illuster l'affiche P.L.M. de Sallanches.

Après 1860, le peintre Félix Benoist s'arrête à côté de Disonche : le travail de l'artiste est destiné à l'ouvrage « Nice et Savoie » commandé par Napoléon III et répertoriant les nouveaux territoires français. La tour de Disonche est toujours au premier plan, cette fois-ci à droite (gravure ci-dessus).

Entre-temps, quelques années après la visite de Victor Hugo, le célèbre peintre britannique Joseph Mallord William Turner entreprend en 1836 un voyage au pied du Mont-Blanc. Une aquarelle et quelques croquis témoignent de son passage. La tour de Disonche est omniprésente dans les vues de Turner et sa position dominante, défensive et de surveillance est évidente.

C'est le siècle des travaux de confort pour la demeure de Disonche. Les anciennes ouvertures en tuf de la tour sont remplacées par des encadrements en pierre noire de Magland. Des sanitaires sont ajoutés. Destinée à la résidence secondaire, la tour sera bientôt laissée à l'abandon après une nouvelle indivision de la famille Henry qui l'habite et exploite les lainières de Sallanches depuis le XIXème siècle.

C'est aussi le siècle des cartes postales dont la plupart cadrent Disonche au cœur de ce site privilégié.

XXème siècle

«Chaque instant passé à la tour l’aura été avec le plus grand bonheur, avec ce sentiment de revivre un petit morceau d’histoire en découvrant tel ou tel élément d’architecture et en essayant, ne serait-ce que par la pensée, de deviner ce que devait être la vie dans ces lieux à différentes époques. Je vous souhaite évidemment de pouvoir le vivre comme je l’ai vécu, même si pour moi, l’aventure aura été beaucoup trop courte…»

Propos recueillis de Monsieur Thibaud George en 2013 alors qu'il confiait sa tour au propriétaire actuel, après lui avoir redonné sa fierté en réhabilitant en l'espace de trois ans sa toiture, ses façades et son parc.

Hier...

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